A la tombée du jour
Lorsque l'ouest s'ouvre aux horizons colorées, la splendeur des lumières diffuse l'empreinte essentielle. L'espace semble décorer l'évènement sublimé par l'effacement du temps. Le coeur de l'être touche alors l'esprit en le frôlant à peine. Pour la pensée, il s'agit déjà d'une mémoire, mais également d'une non-pensée. Le vent fait frissonner comme le souffle fait frémir. Le monde vient juste de se poser sur une écorce. Une fourmi, un mille-pattes, un escargot endormi, inspirent l'illusion. Le feu allume le ciel scintillant d'étoiles. Des souvenirs de lave et de volcans ravivent d'ancestrales naissances. Bientôt, des émanations d'histoires anciennes et de légendes méritoires pousseront les battants de portes laissées à l'abandon. La Terre offrira son ventre élastique à toute procréation. La lune en sera le tertre. Les esprits du lieu y sont également invités. La voie est sombre, seulement éclairée par le regard des Grand-Mères, qui vont chanter elles aussi, pour la purification des corps émotionnels et subtils. Chaque direction donne le sens et la portée. L'eau devient le nectar qui se mélange à l'air. Le souffle de Grand-père est ainsi, aussi chaud et brûlant que l'intensité de l'intention. L'oeil voit et ne voit plus. Les pensées s'élèvent et disparaissent. Les émotions s'évanouissent dans la prairie et les lamentations se transforment en médecines diverses. Médecines minérales, médecines végétales, médecines silencieuses... L'esprit n'est plus unique. La découverte retrouve ses élans de joie. L'enfant renaît. Emanation d'amour pour tout ce qui est, pour tout ce qui vit. Un cercle cosmique s'étend à l'infini, sans aucune mesure du grand ou du petit, car tout est là, avec coeur. Sortir du ventre de sa mère n'est plus une délivrance, mais une fête, une célébration, une cérémonie.
La nuit est encore chaude. Les braises du maître sacré déguise les ombres dans un carnaval mystérieux. Les reflets ont disparu. Seules quelques flammes se révèlent, dansent, se tordent, font la grimace, s'amusent dans le burlesque. La grâce les imagine déjà, dans l'absolu et la grande vérité. Mais elles ne sont plus, aussi éphémères qu'un souffle recommencé. L'esprit ainsi s'envole, ému encore, d'une telle solitude présente à l'univers.