Ombres et reflets

Cérémonie

Dans toute démarche spirituelle, l'être humain est appelé à utiliser une symbolique particulière pour pouvoir accéder au domaine de l'esprit, de l'abstrait. Que celle-ci soit simple ou complexe, elle repose essentiellement sur les mêmes principes. Ceux-ci s'illustrent généralement en tant que supports sur lesquels la conscience d'une personne peut s'appuyer pour en préserver le sens de son intention. C'est là précisément que s'élaborent les fondations du rituel, tout à fait primordial pour guider et cadrer le ou les pratiquants. Ces supports ne peuvent être actifs seulement s'ils accompagnent un mouvement, ou s'ils l'occasionnent. Par exemple; une porte signifie l'entrée et la sortie. Pareil pour le pont ou la passerelle; il inspire toute personne à le traverser. C'est également le cas pour l'horizon; qui attire le regard à lui immanquablement; et la même chose pour le vide. Tous ces éléments très concrets au départ nous ramènent à des sensations que l'on ne peut définir autrement que par le mouvement qu'il nous inspire. C'est là leur rôle; nous amener à prendre conscience de ce que l'on ressent dès qu'ils se manifestent à nous. De plus, il est capital qu'ils aient une nature neutre pour pouvoir être pleinement agissant sur notre libre arbitre. Ils ne se présentent pas pour faire pencher la balance à quelque niveau que ce soit, mais simplement ils se montrent tels qu'ils sont. Une porte est une porte et n'a rien à prouver, pas même qu'elle soit une porte.

L'être humain a donc réellement besoin d'un tel cadre pour se discipliner à être tel qu'il est. Cela peut paraître paradoxal, mais il nous faut bien reconnaître qu'il a toujours cette fâcheuse tendance à vouloir prouver qui il est, à travers son histoire et donc, son importance personnelle, et d'user d'une mémoire linéaire, sans mouvement, et donc morte, pour s'identifier à elle de manière continue et obstinée. Tandis que cette même mémoire pourrait ici être sensorielle, là elle se décline sans cesse à se comparer entre passé, futur et présent. L'esprit humain fige ses expériences comme s'il devait les accumuler afin de prouver sans demie mesure son existence. Il en résulte un amoncellement de choses, belles ou pas, utiles ou pas, qui donnent l'illusion du change, mais qui finalement, pèsent toujours plus dans la balance; autre symbole vivant chargé des caractères du haut, du bas et de l'équilibre.

Pour poser un cadre, nous utilisons toute la symbolique du rituel. Et pour que celui-ci puisse accéder à une dimension qui induit le mouvement d'éveil et d'élévation, l'être humain a besoin de célébrer la vie; tout ce qui lui permet d'être, autant son environnement que lui-même. Cette célébration requiert une attention toute particulière. C'est cette attention intensifiée par le mode conscience qui inspire à l'esprit le sens du sacré. Nous rendons ainsi sacré tout ce qui touche au rituel, et sur laquelle repose une telle célébration. Rendre sacré toutes choses et manifestations donne la mesure du respect que l'on porte à nos actes et nos pensées. Nous devenons ainsi de plus en plus conscient qu'il nous est primordial de prendre soin de ce que l'on reçoit. Ce cadre a ainsi sa raison d'être par le fait qu'il puisse aider à développer en chaque personne une vigilance sans faille, une attitude qui tend àl'impeccabilité, à une sorte de complétude. L'idée n'est pas de rester coincé dans un tel mandala, parce qu'une fois sorti du contexte, nous risquerions d'être de nouveau déconnecté ! L'idée est d'élargir peu à peu une telle attention au sein de l'espace, de la vie.

Pour que cela puisse se réaliser, pour que cette vigilance soit préservée, il nous faut bien reconnaître, nous êtres humains, qu'il est bien difficile et illusoire de nous maintenir dans un tel état, d'être constant dans l'intensité. C'est pourquoi, lorsque nous sortons d'une cérémonie, nous ressentons bien souvent une sensation de mal-être et mal-aise. Nous pouvons être triste et morribond, avec un sentiment de déception à la base. Nous savons pertinemment qu'à un moment ou un autre cette vigilance va s'atténuer et que nous allons perdre le fil quoiqu'il en soit. Ce sentiment est certes douloureux mais salutaire. Car il démontre ainsi que nous sommes déjà accrochés à ces choses de l'esprit ouvert et de la conscience, et que nous ne voulons pas en être séparés. C'est là que se raffermit et se clarifie l'intention de s'engager sur la voie de la conscience et de sa libération.

Si l'on revient à l'idée de la cérémonie, du cadre, du mandala, il est évident que celui-ci est créé matériellement pour que l'esprit puisse se connecter au delà de sa réalisation. C'est pourquoi, les tibétains libèrent leur oeuvre dans la rivière. La symbolique de ce geste, est que toute chose est éphémère, et que l'esprit accepte de se libérer de sa propre démarche. C'est pourquoi aussi, les maîtres de cérémonie savent refermer définitivement la porte des célébrations. Si l'esprit a besoin de se reconnecter au rituel pour retrouver l'intensité de son attention, il le fera au moyen de sa mémoire sensorielle. Celle-ci étant imprégnée du soin que la personne aura portée à ce qu'elle aura reçue.

Chaque culture a instauré un sens de progression dans l'espace. C'est là le symbole premier à tout rituel. Dans quel sens on avance, on chemine ? Dans quelle direction allons-nous ? Cela met tout le monde d'accord, disons même en lien. Chacune d'elle a son propre cadre, plus ou moins complexe. Certaines sont plus ou moins adaptées pour que l'on puisse en comprendre l'essence. Cependant, elles sont toutes structurées par leur propre histoire, leur mémoire sensorielle, et adaptées à la terre sur laquelle elles ont évoluées. Elles ont une fonction en commun; faire circuler le sang de la Terre et son énergie. Pour cela, elles sont toutes reliées à son coeur.

Chacune de ces cultures s'enrichissent au contact l'une de l'autre. Et chacune d'elle est dynamisée grâce aux cérémonies pratiquées. Elles évoluent donc ainsi, à travers l'échange universel et la dynamique personnelle. C'est ainsi qu'elles véhiculent et perpétuent le sens du sacré. Lorsque l'une d'elle est en perdition, une autre peut se substituer pour prendre le relais. Lorsque cela se produit, un échange d'informations opère sur les structures mentales de l'être humain. Et pourtant le sens du sacré est le même pour tous. Une culture ayant toutes ses fonctions sensorielles vivantes se présentent à une autre terre pour que ses citoyens retrouvent le rituel, le cadre, la forme de l'esprit manifesté. Cet échange d'informations est primordial, car ceux qui aident un jour seront également aidés. En voyageant ainsi vers d'autres horizons, les êtres humains qui n'ont que l'intention d'être ce qu'ils sont, participent à la bonne circulation respiratoire et sanguine de la terre. Et même si l'intention de voyager est toute autre, celle de ramener les choses à soi par exemple, il est encore possible que cela puisse drainer des choses, des idées, et des histoires d'ego à transformer.

Notre époque se situe à présent sur toutes les parties de la terre. Les cultures persécutées par le désir des autres de posséder se sont mises au service de ces dernières. Ce qui est étonnant, c'est que pour qu'elles puissent survivre de l'évangélisation, elles ont su accueillir et adapter leurs dieux, leurs effigies et leurs icônes, à leurs sources d'inspirations, leurs racines. Et plus encore ! Grâce à leur caractère particulièrement évolué vers le sens du sacré, elles ont préservé la culture de leur propre envahisseur beaucoup mieux que ceux-ci, en la faisant vivre à travers leur pratique. Cette mémoire est quasiment intacte, et ce sont ces cultures qui véhiculent à présent la conscience et les légendes du monde.

Xavier.

Danse la musique des sons

Dans le cercle sacré du vent

Notre Mère-Terre nous accompagne

Danse sur les pas de nos enfants

L'esprit agile et tendre

Il tourne et tourbillonne

Vole à la clarté du feu

L'inspiration sensible

A ce chemin de liberté

Vole entre les braises

Le regard voyant au coeur

Des pensées mercantiles

Brûle ainsi de mille joies

La renaissance du souffle

Mémoires frêles et fragiles

Brûle encore les passions

Purifier ainsi

Le sang des émotions

Et marche à pieds-nus

Les mains et les sens détendus

Sur la voie et le sentier

Marche là où mord la poussière

Là où la caresse donne le sein

Là où Mère-Terre éveille le monde

                                                                                                          Xavier.

Lorsque l'ouest s'ouvre aux horizons colorées, la splendeur des lumières diffuse l'empreinte essentielle. L'espace semble décorer l'évènement sublimé par l'effacement du temps. Le coeur de l'être touche alors l'esprit en le frôlant à peine. Pour la pensée, il s'agit déjà d'une mémoire, mais également d'une non-pensée. Le vent fait frissonner comme le souffle fait frémir. Le monde vient juste de se poser sur une écorce. Une fourmi, un mille-pattes, un escargot endormi, inspirent l'illusion. Le feu allume le ciel scintillant d'étoiles. Des souvenirs de lave et de volcans ravivent d'ancestrales naissances. Bientôt, des émanations d'histoires anciennes et de légendes méritoires pousseront les battants de portes laissées à l'abandon.  La Terre  offrira son ventre élastique à toute procréation. La lune en sera le tertre. Les esprits du lieu y sont également invités. La voie est sombre, seulement éclairée par le regard des Grand-Mères, qui vont chanter elles aussi, pour la purification des corps émotionnels et subtils. Chaque direction donne  le sens et la portée. L'eau devient le nectar qui se mélange à l'air. Le souffle de Grand-père est ainsi, aussi chaud et brûlant que l'intensité de l'intention. L'oeil voit et ne voit plus. Les pensées s'élèvent et disparaissent. Les émotions s'évanouissent dans la prairie et les lamentations se transforment en médecines diverses. Médecines minérales, médecines végétales, médecines silencieuses...  L'esprit n'est plus unique. La découverte retrouve ses élans de joie. L'enfant renaît. Emanation d'amour pour tout ce qui est, pour tout ce qui vit. Un cercle cosmique s'étend à l'infini, sans aucune mesure du grand ou du petit, car tout est là, avec coeur. Sortir du ventre de sa mère n'est plus une délivrance, mais une fête, une célébration, une cérémonie.

La nuit est encore chaude. Les braises du maître sacré déguise les ombres dans un carnaval mystérieux. Les reflets ont disparu. Seules quelques flammes se révèlent, dansent, se tordent, font la grimace, s'amusent dans le burlesque. La grâce les imagine déjà, dans l'absolu et la grande vérité. Mais elles ne sont plus, aussi éphémères qu'un souffle recommencé.  L'esprit ainsi s'envole, ému encore, d'une telle solitude présente à l'univers.

Le désir pétille

Dans la chambre abyssale

L'alchimie des nectars

A la racine des émotions arc-en-ciel

Le chaos des sphères

S'organise

Et la spirale dévoile ses intentions

A l'univers sensible

Pour Solitude

Vulnérabilité présente mais force en devenir.

Cette plante isolée dans l'immensité ne demande qu'à croître.

Cette photo m'émeut.

                                                                                                                    Pascale

Impliqué et solide à la forme

Ou profond, rayonnant vers l'infini

"Si l'on observe bien les regards que portent certains êtres réalisés consciemment sur le monde, on peut très vite se rendre compte que leurs yeux ne sont pas tournés vers la même direction, et que leur éclat est également différent. L'un est lié à cette dimention, et l'autre, l'autre...le gauche"

Très doux...

Dire l'essentiel en peu de mots

Et laisser ainsi la sensation se poser en reflets d'eau

                                                                                                        Nath

Passerelle diffuse

L'onde spirale

Frémissante

A la surface du monde

Le miroir fond

Dans l'étreinte d'une vision

Clarté